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Bruno : l’homme qui voulait servir et qui sert toujours, autrement – Suite

Un pas après l’autre

Durant la formation ARPO avec la fondation Résilience, ce fut aussi difficile de marcher, le problème étant toujours là.
Non loin d’un premier craquage durant la formation avec la fondation, après des heures de marche avec de la douleur, il se demande pourquoi il s’inflige cela.
Il se dit qu’il ralentit le groupe, que c’est un boulet, sachant qu’avant c’était lui le plus fort, celui qui portait le sac des autres, celui sur qui on pouvait compter.
Ça fait mal d’être la personne qui a besoin de cette aide maintenant.
Ce fut une révélation très forte durant le stage, une chose difficile à accepter, il marchait la mâchoire serrée, regardant le sol, se disant qu’il avait mal, voyant les autres beaucoup plus à l’aise en discutant, etc.
Ce décalage de ressenti et du vécu de l’expérience, c’est ce qui lui a fait prendre conscience de l’ampleur de la chose.

“Sur le moment je me suis dit que je faisais demi-tour et, à un moment donné, David me dit de ne rien lâcher. Je râlais, je me suis arrêté et je me suis dit que je n’avais pas le droit d’abandonner.
Comment je peux abandonner sur de la marche pour un diplôme que je suis en train de passer alors que je fais du sport, du CrossFit ? Ça n’avait pas de sens pour moi ! Je ne peux pas faire des entraînements 6 fois par semaine, être une machine à entraînement et, sur de la marche, lâcher. C’était inconfortable, ça faisait mal mais je ne pouvais pas abandonner !”

Bruno RODRIGUEZ


Ça lui a modifié son état d’esprit cette dernière année, en grande partie grâce à Thibault de la Fondation Résilience, qui est kiné, et qui lui dit : “Tu sais, il n’y a rien de tel que la marche pour activer la pompe qu’il y a sous ton pied, pour activer le réseau de secours, ton réseau secondaire.”

Bruno lors d’un stage
Bruno en premier plan lors d’une marche

Servir autrement, mais servir encore 

Après tout le sport que je fais, je suis en train d’aider mes artères, se dit Bruno.
“Quand il m’a parlé de la marche, il avait raison, il faut que je fasse plus de marche, il faut que je me déplace plus souvent.”
Parfois, j’abandonnais quand je n’avais pas une place juste à côté d’où je devais me garer, car la marche était très douloureuse pour moi. J’ai plusieurs fois lâché par le passé, à côté de ça je souhaitais au maximum limiter mes pas et ma marche.

Alors que maintenant, c’est l’inverse grâce à ces échanges : tout ce que je vais faire, c’est du mieux pour améliorer ma condition. Je maximise les efforts avec la marche, les escaliers, ce qui me fait le plus grand bien. J’ai changé ma mentalité pour tout ça !

J’ai découvert la Fondation Résilience au salon du survivalisme en mai 2023. J’aperçois, dans mon champ de vision, un drapeau français sur la manche d’un polo : c’était Geoffrey Hodicq. Nos regards se croisent, il voit ma prothèse sur la jambe, il me demande : “Blessé de guerre ?”
Je lui répondis : “Non, pas blessé de guerre, mais oui, ancien gendarme.” Puis il m’explique la Fondation, sa création et son objectif.
Sur le stand, j’ai donc rencontré Isabelle, Manu, Mathieu, des membres de la Fondation. L’objectif initial de ma venue, c’était vraiment pour encadrer des stages, étant déjà coach, ayant une expérience dans ce domaine.
Ce qui m’a intéressé à ce niveau-là, c’est une phrase qui résonne en moi : “Militaire un jour, militaire toujours.” En juin 2021, j’ai été opéré et, en août 2021, je devais être dans la réserve de la gendarmerie (je les ai appelés après l’opération pour leur dire que ce n’était pas possible).

Et dès que j’ai vu la Fondation, je me suis dit : je peux servir à nouveau, apporter mon aide quelle qu’elle soit, en tant que coach, encadrant ou simplement par de l’écoute. C’est ça qui m’a parlé : intégrer la Fondation pour continuer à servir et apporter ma contribution.

Bruno RODRIGUEZ

Si j’avais un mot à dire aux gens qui hésitent à rejoindre la Fondation :

Pour les blessés : Ne pas hésiter. La Fondation, de par la volonté de son créateur et des gens qui sont autour, est là pour rassembler des personnes qui ont vécu le même genre de traumatisme, qui sont incomprises par d’autres.
Qui sont parfois vues comme des gens en qui on ne peut plus avoir confiance ou comme des maillons faibles. Il n’y a pas de maillon faible au sein de la Fondation : tout le monde a vécu des choses difficiles et on peut se parler ensemble, se secouer les uns les autres pour aller de l’avant.
On ne peut pas se regarder et se dire que c’est facile, on est conscient de la difficulté.
Il y a une certaine légitimité dans les propos quand on échange avec des personnes qui ont du vécu. Ce qu’a compris la Fondation, c’est de permettre à ces militaires blessés de servir à nouveau, en offrant une formation diplômante.
Une façon différente, mais une façon noble de servir. Un militaire qui a servi toute sa carrière est mis de côté après une blessure, et cela le laisse dans un état d’insatisfaction et de dépression.

Pour des personnes souhaitant accompagner la Fondation : Faites-le. Vous avez un réel accompagnement au sein de la Fondation. Ça permet de relativiser énormément sur la vie personnelle, quand on se rend compte de ce qu’ont vécu les personnes traumatisées et des séquelles qu’elles peuvent garder.
Ce sont des gens qui, par vocation, ont choisi de donner leur vie pour la protection de la population. Ce sont des êtres humains avant tout, qui ont choisi de faire ça pour protéger la vie et aider les personnes.
Ils méritent, comme tous les êtres humains, une vie agréable après leur carrière.

Je voudrais dire aux blessés que c’est dans l’inconfort qu’on évolue. On ne veut pas connaître cet inconfort, donc on repousse le moment d’y aller.
Mais c’est en se mettant dans des situations inconfortables qu’on fait bouger les choses.
Pour un blessé, ce moment inconfortable, ça peut être parler à un public, faire partie d’un groupe, sortir de chez soi, retrouver en quelque sorte une vie sociale.
C’est dans cet inconfort qu’on évolue ; dans le confort, on végète.

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