Présider la fondation est un honneur
J’ai l’honneur de présider cette fondation en étant moi-même blessé de guerre, atteint d’un syndrôme de stress post-traumatique. Je suis particulièrement reconnaissant de la confiance et la fidélité des fondateurs, tous personnels civils et engagés dans ce projet. Dans les actions de la fondation, nos blessés vont retrouver : une occasion de servir leur pays en faisant de leurs séquelles, une force. La mission, que nous nous sommes créée, est une évidence : la jeunesse a besoin de nos expériences et compétences pour évoluer vers une meilleure version d’eux-mêmes.
Les blessés de la vie, au sens général, pourront s’identifier à des femmes et hommes qui ont su faire preuve de résilience et deviennent des exemples.
Quotidiennement, des hommes et des femmes, forts de leurs convictions et des valeurs qu’elles portent, travaillent pour que vivent partout et toujours les principes d’égalité, de fraternité et par-dessus tout de liberté que porte le peuple français.
Ces mêmes hommes et femmes sont confrontés à des situations qui laissent des séquelles physiques et/ou psychologiques. Pourtant, sans jamais se plaindre, ils continuent inlassablement avec en tête nos 3 couleurs qui représentent leur engagement sans faille.
Je suis un représentant de ces engagés et jamais je ne l’ai regretté, répondant à un appel celui du devoir de servir. Je souhaite désormais, aux côtés de mes camarades civils et militaires, créer un élan qui conjugue le sens du devoir au retour à la vie civile.
Au lendemain de la seconde guerre, toute l’Europe pensait que les temps de violence étaient révolus et que ses enfants vivraient dans un climat de paix retrouvé. Ce fut un vœu pieux. De nouvelles nécessités d’engagement à travers le monde se sont imposées, aucun ne peut dire qu’il en ressort indemne, physiquement ou psychologiquement, nous en gardons tous, certes des séquelles, mais avant tout une expérience humaine.
Au sein de la fondation Résilience, c’est cette expérience que nous souhaitons mettre en avant pour continuer de servir.
Lorsque nos camarades blessés s’adressent à autrui pour expliquer ce qu’ils ont vécu et ressenti, c’est souvent difficile car ces blessures ne sont pas toujours comprises, mais le faire permet de créer une distance par rapport au vécu et du coup de se rapprocher de l’autre en partageant ses émotions.
Dans son ouvrage « Le Murmure des fantômes », Cyrulnik évoque la résilience en ces termes : « On ne peut parler de résilience que s’il y a eu un traumatisme suivi de la reprise d’un type de développement, une déchirure raccommodée. Il ne s’agit pas du développement normal puisque le traumatisme inscrit dans la mémoire fait désormais partie de l’histoire du sujet comme un fantôme qui l’accompagne. Le blessé de l’âme pourra reprendre un développement, dorénavant infléchi par l’effraction dans sa personnalité antérieure ».
Cette « effraction » dont Boris Cyrulnik parle, nous voulons en faire une force. Nous voulons en faire une force qui serve nos compatriotes, notre pays, mais pas comme avant, différemment.
Le fonds de dotation que nous avons créé aura donc comme but de proposer à ces femmes et hommes avant tout une opportunité de se reconstruire et de se former à travers un parcours sanctionné par des diplômes dans le sport, l’accompagnement de jeunes ou le management pour ensuite intégrer ou intervenir dans des entreprises partenaires.
Nos premiers contacts avec des services de l’Etat et des entreprises sont prometteurs. Tous trouvent dans notre projet le moyen de rendre hommage à nos camarades et reconnaissent que le profil général de ces hommes et femmes représente une chance pour la jeunesse ou pour les entreprises en manque parfois de candidats impliqués.
Désormais, il nous faut nous mobiliser pour avancer en cherchant à promouvoir nos actions auprès du plus grand nombre.
Il nous faut construire des bases solides de notre projet en s’appuyant sur des partenaires qui nous feront confiance et soutiendrons dans notre projet, et auprès de qui nous nous engagerons.
Les enjeux sont importants, ils nous dépassent, c’est pour cela que nous réussirons !
Je terminerai par une phrase une nouvelle fois empruntée à Boris Cyrulnik tiré de son ouvrage « les nourritures affectives » : « Le paradoxe de la condition humaine, c’est qu’on ne peut devenir soi-même que sous l’influence des autres ».
Merci à vous tous pour votre soutien et longue vie à notre Fondation.